Après une très longue absence, le blog est de retour ! Il a fait peau neuve et se tient prêt à recevoir de nouveau toutes vos contributions, témoignages et autres offres d’emploi saugrenues repérées sur le site de Pôle emploi. Ce blog a aussi inspiré l’écriture d’un livre, qu’on vous présente en avant-première.
La Machine infernale, racontez moi Pôle emploi. C’est le titre de ce livre qui sortira mercredi 10 mai 2017 aux Editions du Rocher. A mon expérience personnelle de la machine Pôle emploi sont mêlés des témoignages de demandeurs d’emploi mais aussi de conseillers. Solitude, violence de chaque côté du guichet, découragement, lenteurs administratives… L’ouvrage décrit toutes les étapes incontournables que rencontre un demandeur d’emploi et d’autres, moins attendues. Inscription, perte de documents, trop-perçus, radiations, ateliers, formations… Chaque D.E (demandeur d’emploi, dans le jargon de Pôle emploi) devrait un peu, ou beaucoup, s’y retrouver.
Voici un extrait :
Mon PPAE a été élaboré. Je peux désormais toucher l’ARE, basée sur le calcul préalable de mon SJR et quand j’aurai épuisé tous mes droits, je pourrai toucher l’ASS mais si j’entre dans une démarche pro-active, ça devrait bien se passer.
Ça y est, me voilà inscrite à Pôle emploi dont je découvre les codes, les sigles et le langage. Je viens de signer mon PPAE, projet personnalisé d’accès à l’emploi. Un résumé de l’emploi recherché et comment je compte m’y prendre pour y parvenir.
« Vous vous appuierez sur votre réseau. »
Le document précise que j’ai déjà des pistes pour trouver de nouveaux employeurs, comme cette idée de me rapprocher d’une école de journalisme pour donner des cours, épisodiquement. En rentrant chez moi, j’ai d’ailleurs remarqué que la conseillère avait écrit « vous souhaitez donner des cours dans une école de tourisme ». C’est fâcheux. J’aurais dû relire plus attentivement avant de signer.
Je ne connais pas encore le montant de mon allocation chômage, appelée ARE, allocation d’aide au retour à l’emploi. Ma conseillère m’avait vendu du rêve en me promettant un verdict pour la fin de l’entretien mais il me faudra attendre quelques jours. Sa collègue, dans le bureau d’à côté, n’a pas eu le temps de venir à bout de mes fiches de paie par dizaines. Je n’ai même pas osé la regarder.
De retour chez moi, j’ai voulu prendre les devants et j’ai cherché des infos sur le mode de calcul des allocations chômage sur le site de Pôle emploi :
« C’est une valeur journalière (allocation journalière, également dénommée AJ) qui définit votre ARE. Elle-même se base sur le calcul préalable d’un salaire journalier de référence- SJR – qui s’obtient :
- Par l’addition de vos salaires de référence sur la période de référence calcul
- Par la division de ce salaire de référence par le nombre de jours travaillés compris dans la période de référence calcul. »
C’est…intéressant.
« Le montant journalier de votre allocation ARE est égal au montant le plus élevé entre :
- 40,4 % de votre SJR + 11,76 € (depuis le 01/07/2015) ;
- 57 % de votre SJR.
Ce montant
- ne peut être inférieur à 28,67 € (depuis le 01/07/2015) ;
- ni excéder 75 % de votre SJR »
Je vais plutôt attendre de recevoir ma notification d’ouverture de droits, je n’ai pas envie de faire l’effort de comprendre, il faut être honnête. Je me demande si ce charabia est volontaire. Pour décourager, brouiller les pistes, tenir les D.E à l’écart du cœur de la machine. Un ami, lui aussi passé par ce qu’il surnomme « la machinerie Pôle emploi » m’a raconté que, lors de sa toute première réunion d’information, il a eu l’impression de se retrouver dans le roman 1984 de George Orwell.
« Quand tu poses des questions, on te répond en novlangue. »
Je pense aux personnes plus fragiles, comme ce petit monsieur au bonnet orange que j’avais vu lors de ma première visite à l’agence. Il parlait un français approximatif et ne comprenait pas pourquoi on lui demandait d’aller se préinscrire sur un ordinateur alors qu’il avait pris la peine de se déplacer. Je revois la détresse dans ses yeux, sa peine à décrypter le message qu’on lui délivrait.
Au gré de mes rencontres avec des demandeurs d’emploi, j’ai souvent remarqué que certains pans de la machine -y compris les plus fondamentaux- paraissent obscurs, voire totalement incompréhensibles. Pourtant, « les demandeurs d’emploi doivent pouvoir lire et comprendre la réglementation qui les concerne » plaide le médiateur national.
Jugée « volumineuse, alambiquée », cette réglementation (qui, pour ne rien arranger, change à chaque renégociation de la convention d’assurance chômage) est trop complexe. Le médiateur y voit un « facteur d’insécurité » car les conseillers eux-mêmes peinent à l’assimiler et leurs réponses « ne sont pas toujours fiables, elles peuvent varier d’un conseiller à un autre ».
Un conseiller de Pôle emploi me l’a confirmé, il n’est pas toujours au courant des dernières nouveautés : « un jour, c’est même un demandeur d’emploi qui m’a expliqué que je m’étais trompé. On passe pour quoi ? Des incompétents ! Mais le plus grave c’est qu’on fait et dit des erreurs. Ce D.E là était plutôt bien informé, mais les autres ? On ne les accompagne pas correctement ! »
(…)
A très bientôt sur le Minisphère !